mercredi 24 juin 2015

Sable fin

Contempler le soleil, son effet magique sur la nature, sur la fin de journée, ce coucher délicat du rond solaire sur l'horizon marin, depuis la terrasse, jamais je ne me lasse de cet instant-là. Seule sur le plancher en bois, les pieds nus, avec juste le minimum de coton blanc léger, je savoure les derniers rayons, le soleil chaud qui a embrassé ma peau toute la journée. 

Un regard perdu au loin, je pense à nos derniers jours, les dernières heures, dans le lit, la porte-fenêtre ouverte, le vent sur nos corps enlacés, l'un dans l'autre, charnellement en fusion. J'adore faire l'amour avec cet homme, avec cet amant car c'est bien là son statut. Croisé par hasard, une réunion de travail, un coup d'oeil, un projet tardif, un dossier long, trop long et après quelques jours une proximité. Juste après le point final, l'envoi au client de notre réponse, nous avons bu un verre, dîner ensemble pour marquer cette étape et nous avons écrit la suivante, hors contrat.





Bientôt six mois, de longues semaines sans vraiment se voir, des projets ici et là, géographiquement éloignés, mais toujours le même plaisir à nous rencontrer, sans restaurant, juste un hôtel, une chambre d'hôte, une balade, un lieu éloigné pour s'embrasser, parfois et souvent s'embraser. 

Je suis célibataire, il comble mes envies, mes pulsions, mon bonheur que mon corps demande, même si ma vie ne semble vouloir s'alourdir d'un mâle à plein temps. Une distraction, un corps à ma disposition, le mien aussi pour lui, une harmonie sans sentiments. Ma soeur, curieuse de tempérament ne comprend pas ce modèle, elle, mariée, mère d'une petite fille, enceinte du futur garçon, bien dans le moule d'une vie de routines, elle n'a pas compris mon choix, mais c'est le mien.

Des week-ends, des soirées, des RTT à évacuer de mon stock de workholic, je me détends avec son corps, avec nos galipettes. Je revis après chacun de ses départs, je me repose alors de nos folies, rangeant mes dessous oubliés ici et là sur le parquet, mes escarpins perdus dans l'entrée. Comme dans un film, comme dans un rêve voire un fantasme pour certains, nous nous aimons pour cela, uniquement pour satisfaire nos envies. 










"Mais il y a bien des moments sans sexe, vous vous parlez de quoi ?" la fameuse question de ma soeur. Nous dissertons sur la vie, parfois la sienne, parfois la mienne, nos boulots, nos vacances, nos prochains possibles points de chutes. Ensemble nous flânons, de boutique de mode vers les boutiques de lingerie, une consommation démultipliée, un plaisir personnel aussi. Des chaussures aussi, des moments de charme mais toujours sans sentiments, il devient alors un ami, même si son regard sur la nuisette de soie, sur la longueur de ma jupe, porte en lui déjà les prémices de nos glissades. Robe légère, dans le vent chaud du soir, je ris de tout cela car je ne souhaite pas réellement de réponses, de frontières définitives, et puis j'assume ne pas l'aimer, mais avoir fortement envie de revenir ici. Pour refaire encore l'amour le soir, sur ce canapé souple sur la terrasse, dans la nuit, avec le bruit du ressac sur le sable fin.



Nylonement



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