dimanche 5 juillet 2015

Bas de Soie

La légende raconte qu'un beau jour, au XXVIIe siècle avant J.C., l'impératrice chinoise Xi-Ling-Chi, épouse sublime de l'empereur Huang-Ti, prend son thé sous un arbre, un mûrier. Un souffle de vent, un cocon de bombyx tombe dans sa tasse. Surprise, car avec la chaleur de l'eau chaude, le fil se détend. De ses fines mains, elle saisit le fil unique, le déroule ...


Aujourd'hui point de bas nylon, mais un regard sur les publicités et l'iconographie du début du XXe siècle des bas de soie. Car avant notre époque d'or, la naissance des bas nylon et leur apogée sensuelle (années 40-50-60), il y a eu des bas de coton et de soie. Les derniers étaient l'apanage des élégantes, des femmes bénéficiant de moyens financiers réels en relation avec leurs modes. Sachez que durant la Belle Epoque, certaines femmes avaient une tenue du matin, une tenue d'après-midi ou de goûter, de dîner aussi, les variantes étaient nombreuses, les froufrous aussi, du moins les épaisseurs entre linge de corps (pas encore les dessous actuels) et linge de confort, corsets et autres sous-robes et robes, voire tabliers.

Les bas de soie étaient produits en France, en particulier dans la Vallée du Rhône et dans les Cévennes. Une production nécessitant des mûriers, des arbres à larges feuilles mangées par les chenilles du bombys, un papillon spécifique, des élévages, de la main-d'oeuvre souvent féminines pour ensuite ébouillanter les cocons, dérouler et filer la soie. Des magnaneries, des petites usines spécialisées dans le traitement de la soie, avec toutes les étapes, des étuves pour obtenir des soies brutes ou fines, un travail de précaution à forte valeur ajoutée financière pour les propriétaires, une source économique importante pour la région, même si les conditions de travail étaient dures.

Au final des bas de soie, fins certes pour l'époque mais avec un ressenti actuel proche des 30 deniers, une finesse exceptionnelle, une douceur tout aussi exceptionnelle, une beauté pour des jambes que l'on ne voyait jamais sous les robes longues. Il ne reste que peu, trop peu de ses bas si fragiles. Pas ou peu de pochettes en carton avec les illustrations ci-dessous :


















Je vous recommanderai le livre sur la soie, sur la région des Cévennes, sur ce morceau d'histoire avant le bas nylon :

"La Fille du Fil" 
La soie, une histoire de femmes cévenoles
par Karine Bergami



Nylonement




vendredi 3 juillet 2015

Enfin réel !

Eté, chaleur, rencontres, le hasard des moments virtuels qui deviennent réalité.

Je dois croiser enfin, oui enfin, cette personne cachée derrière un pseudo. Tant de messages échangés, de rires, d'émoticônes pour renforcer nos pensées, d'autres messages, pas de drague, mais des longues discussions, toujours et même parfois durant des nuits d'insomnies. Des interrogations, des entrées dans l'univers de l'autre, des questions et des réponses, parfois des silences, des semaines d'intenses activité, d'occupations ou de vacances, et toujours ce plaisir, le mot est juste car ce n'est pas une routine, de recroiser de nouveaux messages.

Alors nous avions pris le temps de nous connaître, malgré nous, sans cette quête d'un coeur, ni même de moindre volonté, ni d'un côté, ni de l'autre, juste une amitié du net. Plus qu'une relation car parfois des confidences viennent, passent, trouvent des réponses.






Se voir, un instant magique, presque redouté, pas souhaité d'ailleurs au départ. Chaque coin de la France ou du monde, le net est une toile trouble, opaque, mais les mots la traverse. Ainsi des émotions plus que des sentiments, nous en avons beaucoup échangé. Des rires souvent parfois des tristesses et des doutes, car cette proximité non envahissante et sans jugement a des avantages. Nous avons parlé, longuement parlé de tout et de nous. Par petites touches, sans trop de curiosité, mais finalement avec des indiscrétions, des joies, des folies passagères, des parenthèses joyeuses, sans aucun risque car nous n'avions jamais envisagé de nous voir.

Mais là, j'ai hésité avec mon image, que lui montrer de moi ? Chaleur d'été, jupe, escarpins ou ballerines, top, pas trop court, mais pas trop chaud non plus. Ne pas trop en faire. D'ailleurs, je ne le connais pas vraiment du moins physiquement. Un paradoxe à notre époque, car au début de nos contacts, c'était le jeu de deux pseudos sans visage. Longtemps d'ailleurs. Puis quelques photos, après des mois. Pas trop claires, juste d'ambiance, juste sur nos profils fb ou tw, des extraits de nous. Alors oui aujourd'hui, je ne cherche toujours pas à lui plaire, d'ailleurs cet homme est marié. Juste un ami virtuel devenant réel.

Jupe bleue ou jupe framboise ?

Comment sera-t-il ?

Les mots en vrai, des phrases sans le tempo et les corrections du clavier, des doutes. Est-ce une bonne idée de briser ce flou de nos corps réels ?

J'hésite encore. Ce rendez-vous peut-il changer un bout de moi, mon image dans ses yeux. Lui, moi, nous, deux amis. Nous verrons, nous nous verrons enfin.



Nylonement



mardi 30 juin 2015

Mon choix de vie




Trouver le mot juste, l'adjectif qui serait le plus propice à me qualifier. Dans les yeux des autres, dans leurs cerveaux, dans leurs esprits, je suis une femme, après ils peuvent ajouter leurs choix.

Légère car d'un mois à l'autre, parfois il peut m'arriver de ne pas être accompagner par le même homme, un grand, un blond, un brun, un jeune, un moins jeune, je ne suis pas bloqué par leurs physiques, je recherche autre chose.

Libérée, car je ne cache pas ma gourmandise pour les hommes, pour des soirées ou des journées de pur plaisir, de jouissance. Mais derrière mes blagues, qui me mettent à l'égal des blagues sexistes des cadres avec lesquels je travaille, auteurs de tableaux de chasse et de petits culs, de phrases libidineuses, je suis peut-être une menteuse. Je joue, ils écoutent, ils ne gardent que leurs versions.

Allumeuse, car ma tenue est toujours très féminine, très glamour, sans aucune peur de montrer mon corps. J'y travaille chaque jour, chaque semaine  en faisant du sport, en courant au petit matin pour expulser mes idées noires, pour savourer la douche après. J'aime la mode, je peux sans limites ou presque m'offrir les chaussures ou les robes de mon choix, j'aime les matières légères, les décolettés profonds, les coupes près du corps.

Sensuelle, car j'assume sans le cacher, bien au contraire, que je suis une porteuse de véritables bas nylon. Une couture, une jarretelle, un revers, le hasard s'amuse de la fente sur ma jupe, des longueurs un peu trop courtes de celles-ci. Je ne m'exhibe pas, je ne cache pas mes bas, le vent est un complice des regards avertis.






Froide, quand les mots ne sont pas plus grossiers. Car je ne couche pas ! Ils imaginent, hommes et femmes, ce qu'ils souhaitent, leurs envies, mes soirées, mes week-ends, mes vacances, mes nuits. Mais tout cela n'est rien. Car si je suis ainsi, c'est pour laisser mon corps respirer. Mon adolescence avec des kilos en trop, une famille, la province triste, tout cela est loin. Je vis pleinement mon corps de femme. 

Mais le soir, je profite pour sortir, pour lire, pour voir quelques amis. J'écris simplement.



Nylonement


lundi 29 juin 2015

Danser

Dernière semaine de travail, si toutefois il y avait une fin, juste un détour.

Dernière répétition avant le départ, l'envol vers l'étranger avec notre ballet au complet, notre spectacle, nos pas affûtés. Toute l'énergie est en nous, d'ailleurs tous ensemble nous formons tellement un tout indissociable que nous sommes restés à dormir sur place, à vivre en lieu clos, pour n'être qu'un. Des complicités loin des luttes des premiers jours, maintenant chacune à un rôle précis, des mouvements liés aux autres, et tant d'actes solo. Nous sommes un groupe, dans la chaleur des salles, dans le même épuisement, dans le même sursaut pour réussir, dans le même geste pour nous soutenir. 








Un tout, des pas de danses, les mêmes et pourtant tous différents pour atteindre et rester au niveau de l'exceptionnel, de la perfection au naturel. Ecole de souffrance, de douleurs, de doutes, tant physiques que moraux, je n'ai jamais baissé la tête, j'ai toujours voulu atteindre ce zénith, cette lumière en moi, volant au-dessus du parquet, ne sentant plus mon corps, mes pas, mes chaussons, juste en harmonie incroyable avec la musique, avec les autres. 

Un tourbillon, encore hier soir, encore aujourd'hui, demain devant un public, j'adore cet effort impossible, les limites toujours plus inatteignables, le final, les applaudissements. J'aime danser.



Ce matin, les vitres ouvertes, un peu d'air frais, la semaine sera longue, chaude, épuisante. Terriblement fascinante aussi.


Nylonement

dimanche 28 juin 2015

Bas d'été





C'est l'été, il fait chaud, même très chaud l'après-midi. Canicule un mot vite lâché dans les informations, le soleil est là, bien installé au-dessus de votre terrasse, de votre jardin, de la plage ou de vos balades. Ses rayons picorent chaque centimètre de votre mode. Et vos jambes aussi.


Et là, au gré des discussions, une phrase, non deux, reviennent à mes oreilles :
"Il fait trop chaud pour porter des bas !"
"De toute façon, les femmes ne portent pas de bas, des collants fins, et actuellement rien du tout."

Deux affirmations, comme des éléments récurrents de la mode, une pointe de critique, des préjugés avec, les avis sont divers, je les respecte mais parfois je ne peux les partager. A chacun, chacune surtout ses convictions, ses affirmations, ses jugements définitifs malheureusement aussi, mais aussi et plus sereinement ses échanges d'idées.







Certes quand l'astre solaire pique de ses dards et de mille feux en bonus, les visages, les épaules et les bras, les cuisses et les mollets, le corps entier, tout cela se ressent, pèse de toute la chaleur absorbée, difficilement évacuée. Quand la température dépasse la résistance propre à chacune, variable dès vingt degrés ou dès vingt-cinq degrés, voire plus, les bas peuvent naturellement rejoindre leur pochette, leur tiroir ou leur satinbox.

Chacune sait ressentir le moment adéquat pour laisser ses jambes libres sous le soleil, ou juste à l'ombre. Chacune décide d'ailleurs de les laisser bronzer ou pas, pour avoir une teinte caramel léger ou plus prononcée. Une liberté de mode, souvent accompagnée de robes et de jupes, car l'été lance souvent un appel à la légèreté pour respirer plus aisément cette belle saison. Elégance nouvelle car certaines n'osent montrer leurs jambes en d'autres saisons, fidèles aux pantalons, tandis que d'autres portent uniquement des jupes de toutes longueurs, avec des deniers plus ou moins importants.

Pour la première affirmation, oui la météo, la température oblige parfois à oublier les bas, à libérer volontairement les jambes pour les bises des rayons de soleil. 

Pour la seconde, ma réponse, ma vision commune avec beaucoup d'amies, de relations et de lectrices est différente. Je reste conscient de l'omniprésence du collant, quand les températures s'y prêtent (sinon relire les lignes précédentes) depuis son invention, depuis son adoption inconsciente par plusieurs générations de femmes pour son confort, son pratique et son effet mode sur les gambettes, en complément de leurs tenues. Mais sans militer aveuglément, et sans limiter mon regard à mon entourage proche, je suis certain qu'il existe un faible pourcentage, mais un réel engouement actif pour les bas. Bas jarretières ou bas pour jarretelles, le débat méritera un ou plusieurs autres articles, ou de piocher dans mes écrits des cinq dernières années,

Je finirai sobrement sur cette dernière photo, qui traduit avec un sourire, un fantasme peut-être (du moins aux yeux de certains), mais plutôt une vision artistique de ma passion pour la mode, pour la lecture et l'écriture, plus encore pour les mots et les bas nylon.






Nylonement



jeudi 25 juin 2015

Pour elle !

Juste lui dire,
rappeler,
susurrer,
crier,
redire,
exprimer simplement,
l'embrasser pour traduire,
répéter,
écrire :


"Je t'aime"





Gentleman W
Nylonement

mercredi 24 juin 2015

Sable fin

Contempler le soleil, son effet magique sur la nature, sur la fin de journée, ce coucher délicat du rond solaire sur l'horizon marin, depuis la terrasse, jamais je ne me lasse de cet instant-là. Seule sur le plancher en bois, les pieds nus, avec juste le minimum de coton blanc léger, je savoure les derniers rayons, le soleil chaud qui a embrassé ma peau toute la journée. 

Un regard perdu au loin, je pense à nos derniers jours, les dernières heures, dans le lit, la porte-fenêtre ouverte, le vent sur nos corps enlacés, l'un dans l'autre, charnellement en fusion. J'adore faire l'amour avec cet homme, avec cet amant car c'est bien là son statut. Croisé par hasard, une réunion de travail, un coup d'oeil, un projet tardif, un dossier long, trop long et après quelques jours une proximité. Juste après le point final, l'envoi au client de notre réponse, nous avons bu un verre, dîner ensemble pour marquer cette étape et nous avons écrit la suivante, hors contrat.





Bientôt six mois, de longues semaines sans vraiment se voir, des projets ici et là, géographiquement éloignés, mais toujours le même plaisir à nous rencontrer, sans restaurant, juste un hôtel, une chambre d'hôte, une balade, un lieu éloigné pour s'embrasser, parfois et souvent s'embraser. 

Je suis célibataire, il comble mes envies, mes pulsions, mon bonheur que mon corps demande, même si ma vie ne semble vouloir s'alourdir d'un mâle à plein temps. Une distraction, un corps à ma disposition, le mien aussi pour lui, une harmonie sans sentiments. Ma soeur, curieuse de tempérament ne comprend pas ce modèle, elle, mariée, mère d'une petite fille, enceinte du futur garçon, bien dans le moule d'une vie de routines, elle n'a pas compris mon choix, mais c'est le mien.

Des week-ends, des soirées, des RTT à évacuer de mon stock de workholic, je me détends avec son corps, avec nos galipettes. Je revis après chacun de ses départs, je me repose alors de nos folies, rangeant mes dessous oubliés ici et là sur le parquet, mes escarpins perdus dans l'entrée. Comme dans un film, comme dans un rêve voire un fantasme pour certains, nous nous aimons pour cela, uniquement pour satisfaire nos envies. 










"Mais il y a bien des moments sans sexe, vous vous parlez de quoi ?" la fameuse question de ma soeur. Nous dissertons sur la vie, parfois la sienne, parfois la mienne, nos boulots, nos vacances, nos prochains possibles points de chutes. Ensemble nous flânons, de boutique de mode vers les boutiques de lingerie, une consommation démultipliée, un plaisir personnel aussi. Des chaussures aussi, des moments de charme mais toujours sans sentiments, il devient alors un ami, même si son regard sur la nuisette de soie, sur la longueur de ma jupe, porte en lui déjà les prémices de nos glissades. Robe légère, dans le vent chaud du soir, je ris de tout cela car je ne souhaite pas réellement de réponses, de frontières définitives, et puis j'assume ne pas l'aimer, mais avoir fortement envie de revenir ici. Pour refaire encore l'amour le soir, sur ce canapé souple sur la terrasse, dans la nuit, avec le bruit du ressac sur le sable fin.



Nylonement



mardi 23 juin 2015

Voilà l'été

Quelques rayons de soleil, là sur mon coin de bureau, un contact avec la vie, la nature, au milieu de mon enfer de béton, une ville moderne, fade. Réunions, rapports, ordinateur et emails, j'aime cela, mais la nouvelle saison signale aussi une envie profonde de prendre une belle gorgée de verdure, de chaleur et d'énergie solaire.



Alors ce dossier, je vais le finir chez moi, sur ma terrasse, dans ma résidence, avec le wifi magique pour me relier toujours au bureau, aux autres collègues. C'est ma liberté, je dois avancer sur les données, les articles, les références et les lectures, je serai mieux, sur ma petite table de métal, mon faux gazon vert, mais mes vraies plantes vertes, mes fleurs, mes herbes aromatiques. des parfums vrais, des coups de vents, des bruits d'oiseaux même au coeur de la ville. Surtout je pourrai quitter le carcan de mon tailleur pantalon pour une robe de coton, légère, confortable et estivale dans toutes ses fibres.

Mon téléphone, mon portable, ma connexion, mon clavier et les dossiers qui défilent avec moins de lourdeur, pas de collègues pour le divertir ou pour m'inclure par le simple hasard d'être là sur leur chemin, dans une réunion importante ... ou presque. Je suis idéalement bien, assise, avec un thé fumé, des framboises fraîches achetées en passant devant ma petite échoppe de fruits et légumes frais. Un sourire, un atmosphère plus détendu, un esprit plus concentré sur le boulot. Je suis bien.







En bas, le jardin de la copropriété, des arbres, des arbustes, une herbe jaune, le manque de pluie déjà, des rosiers partout, des arômes qui montent vers moi. Ces couleurs aussi, il y a quelques semaines, j'avais fait de même, c'était alors les pivoines, divas de la nature, généreuses pourvoyeuses de sucs ensorcelants. Les dossiers défilent, les emails clignotent, les documents sont lus, les uns après les autres, je résume et je déduis pour ma synthèse finale. L'été est là, maintenant directement sur moi, m'embrassant dans le cou, envahissant de lumière ce coin suspendu. Je suis bien.







Nylonement


lundi 22 juin 2015

Famille

Un long week-end commencé dès vendredi matin, pour accompagner le mariage d'une de mes soeurs, nichée dans mon écharpe moelleuse, je ne pense qu'à dormir dans ce train qui remonte vers chez moi. Trois jours intenses, un long voyage dans nos différences, le temps passe vite, trop vite, les mois qui séparaient avec force nos deux classes en primaire et pour le reste de nos études, se sont évaporés, nous voilà trentenaires tout simplement.

Si éloignées.

C'est pourquoi j'avais tant envie de les revoir toutes et tous, la famille en particulier, que je ne vois plus beaucoup, par manque de temps, avec moins d'envie aussi. Une bande de copines, des moments solitaires, c'est dans ma nature. Différente de notre tribu sans être le canard noir, juste un cygne noir  dans un melting-pot bariolé, avec des envies sortant de leurs habitudes, de leurs traditions. Certes la génétique devient relative avec un inné brouillé par la recomposition de notre cellule familiale, d'un côté comme de l'autre. Ainsi après quinze ans avec une seule soeur, ma grande soeur, moi la dernière, je me suis retrouvée au milieu d'un groupe avec deux garçons, les nouveaux amours de mon père.








Puis quelques années plus tard, car ce fût plus dur pour elle, ma mère à rencontrer un homme, plus jeune, sympathique, discret, mais avec lui aussi des enfants. Deux nouvelles soeurs, des routines différentes, des blondes, des bruns, des rousses, des grandes et des petites, des morphologies variées, des histoires et des éducations, surtout des week-ends à géométrie variable. La table était toujours grande, le contact en tête à tête difficile avec les parents, surtout dans une fin d'adolescence, face à des choix de vie, d'études, des doutes de futurs jeunes adultes, j'ai pris du recul, je suis devenu indépendante. Le temps a avancé, naturellement jour après jour, mois après mois, en dévorant le calendrier, nos relations se sont plus ou moins nouées. Avec certains j'ai eu le plaisir de partager des concerts, des soirées, des moments complices ponctuels et des souvenirs, avec d'autres j'ai râlé sans retrouver certaines de mes chaussures, la mode semblait être notre lien implicite, mais ses jeunes soeurs ne savaient pas vraiment demander avant d'emprunter dans mon ancienne chambre. 

Moins de souvenirs avec elles, on ne se croisait pas assez, je n'avais pas tissé cette fibre dépassant le niveau de simple relation, elles m'étaient étrangères. Mes parents étaient heureux, je menais au mieux mon futur parcours professionnel, mon premier studio. 

Alors le temps a marqué cette distance entre eux et moi, mes déplacements à l'étranger, un boulot prenant, une fatigue réelle mais assumée, et les fêtes de famille décalées chez les uns et les autres, aux quatre coins de la France, je me faufilais entre les dates, les lieux. Sans envie. Les premiers amours et les premiers mariages, là c'était ma soeur de sang, mon aînée. 

Finalement j'ai été pour la première fois avec eux tous, leurs gamins, leurs bébés, leurs femmes et leurs petits copains, leurs maris. Une troupe de gens, d'amis de ma soeur et de son nouveau mari, des discussions sur l'amour, sur la météo, sur le boulot, sur tout ce qui forge un rien dans une discussion avec des quasi inconnus. Etrangement je me sentais aussi proche d'eux que de certains amis, sans lien familial. Sur la photo des frères et soeurs des mariées, j'ai regardé les personnes, ne sachant plus vraiment qui était de notre côté, trop de facettes.  





Et puis les différences, ma robe robe, cette couleur qui est ma touche de feu, tous les jours avec moi, ma signature dans ma vie courante, je l'ai porté fièrement au milieu des couleurs fades, des tenues génériques. Rouge en version robe longue, en version courte quand le soleil est revenue, en trench ou en robe moulante, j'ai abusé de la couleur écarlate, même aujourd'hui dans le train, avec mon jean, des ballerines rouges et vernies.

Le plus marquant aura été ce vide laissé par ma venue seule à ce mariage. Tous étaient en couple, plus ou moins officiel, durable et parfois avec les gamins associés. Une fierté exposée comme une validation de statut social, une normalité que je ne trouve pas indispensable. Je vis sans personne. Indépendante mais surtout solitaire, heureuse et sereine ainsi, jamais je n'avais dû le justifier avec mes collègues et amis, mais durant tout ce week-end, je me suis répété sur cet oubli d'abord en rigolant, sur ce vide ensuite, sur mon avenir sans enfants de plus, sur une possible nouvelle sexualité aussi, sur cette liberté enfin.

Je tombe de fatigue, mais ce fût épuisant de danser, de discuter, de me sentir si différente, j'attends de rentrer dans mon cocon, celui de ma vie, de mes mille occupations, de mon travail, seule et infiniment heureuse.



Mots et Emotions
Nylonement




vendredi 19 juin 2015

Juste écrire

Allumer le portable, taper le mot de passe, attendre quelques secondes, accéder à son blog, lire au passage quelques commentaires, quelques messages d'amis, écrire.





Un lien avec des mots, un instant différent, un contact difficile au début, quand encore le papier était une source de bonheur, que l'encre glissait sous la plume et donnait le miracle de textes, réussis ou non, associé à un accouchement d'émotions.

Un acte accompli quand il est fini, un acte brouillon quand il démarre, avec des rituels, j'écris avec un thé chaud, tiède puis froid, renouvelé plusieurs fois dès le matin, en journée, durant la nuit. Ecrire est une route inconnue, mais avec pour seul véhicule, dans mon cas, un simple vélo, non pour l'effort, mais pour la routine du pédalage, la lenteur contemplative des extérieurs. Mon voyage est lui intérieur, les mots en découlent, sobrement, simplement, toujours présents.













Tapoter, taper, s'envoler avec les touches du clavier, suivre le chemin des voyelles et des consonnes, ne plus savoir pourquoi, mais comment aller au bout d'une idée, d'un mot, d'une phrase. Avec un point juste derrière. Inégales montées ou descentes, je suis les dénivelés, fuyant les mots complexes, les conjugaisons laborieuses, les arrêts silencieux, le temps d'un pause. Une tasse de thé, un regard dehors ou sur une image, je reprends mon idée, je me débats dans ce maelström difficile, dans ce tourbillon d'une fin possible, d'un texte court ou d'une nouvelle plus longue, avec un sujet qui parfois tombe dans le fossé. Heureusement je rebondis, je repars, je suis le fil du clavier, j'aiguise mon instrument avec les sentiments, avec ma force intérieure pour écrire encore. Pour moi, pour vous, pour elle, pour tous, juste pour moi, j'écris tant ... que je ne sais plus ce que j'ai écrit. Ici et là, à découvert ou sous couvert d'un pseudonyme, je m'enfuis avec les mots, je roule encore sur des chemins, loin des routes habituelles, ne comptant plus les kilo-mots, les tonnes de virgules et de points. Libre et esclave de mes mots, je ne peux quitter ce voyage quotidien, à tout heure, simplement.

Simplement indispensable.
Simplement anodin.
Simplement viscéral.
Simplement en moi.



Nylonement


jeudi 18 juin 2015

Blog et blogueuses mode


Blogueuse, modeuse, fan de mode, fan de mots, j'ai lu et entendu tant de choses sur le statut des blogs mais surtout sur ceux et celles qui les crée, les nourrissent de leur créativité. Nombreux et diffus dans la qualité, dans le type de contenu, avec ou sans ligne éditoriale, parfois très présents, parfois anecdotiquement réguliers, les blogs sont un nouveau média, une source de contenu nouveau. Multiples devrais-je dire, car ici la liberté est bien personnelle ou celle d'une petite équipe, mais le professionnalisme n'étant pas le premier objectif, la publicité n'étant pas uniquement le seul vecteur de pensée, les choix de publications sont plus ouverts.

Certes certaines se laissent guider par des marques, servant de faire valoir ou de porte-manteau à celles-ci, mais les photos illustrent cette vision du fait-maison, des idées en vrac déversées dans des mots et quelques fautes au passage, sans réel cohérence, juste une envie, un article, des lectrices. Il y a aussi tant de beaux contenus, des réels envolées lyriques, des partages souriants, de la créativité et du bonheur.

Ah le blog, vaste sujet de controverses car ils étaient nouveaux, parfois arrogants, surtout indisciplinés, sans frontières, avec des avis sur tout, et puis le temps à laisser filer les leaders, les blogueuses mode devenues professionnelles, avec des équipes de presse derrière, un graphiste, du contenu ciblé, de la publicité, moins de liberté. Certes la foule, les millions de blogs nés, morts-nés ou dilués avec le temps, elle a vu s'étirer sa substance, avec devant donc des leaders, mais aussi des blogueurs plus organisés, plus fidèles à leurs envies et à leur public, et puis derrière des articles oubliés, des noms de domaine devenus souvenirs.








Pourquoi avoir un blog aujourd'hui, sur la mode, sujet par essence très volatile, très variable suivant les saisons ? Pour le plaisir de partager, pour ce bonheur simple et réel de poser devant un photographe, une copine, un amoureux, de montrer des trouvailles, des sacs, des jupes, des escarpins, des lunettes, du maquillages, des robes, des tops et autres accessoires. Un plaisir de se montrer sans être exhibitionniste (dans le sens péjoratif et restrictif du terme), de partager avec des commentaires de lectrices, dans un univers 2.0 où l'interactivité est un rituel. On aime, on aime pas, on commente, on donne son point de vue, on partage, on relit ou on ne lit rien du tout, on regarde, on consomme, on jette.

Le blog reste un lieu, une source, des sources de bonheur où le visiteur passe par habitude, par hasard, mais se fond dans un univers moins formaté, le vôtre, le sien, le mien. La liberté d'expression de la mode.




Nylonement


mercredi 17 juin 2015

Mais où va-t-il chercher les images ?

Où ?

Ici et là, parfois encore un peu là, juste derrière. Au gré du hasard et plus encore avec une fidélité extrême avec la sérendipité de la toile. Je vois, je m'arrête, je grappille, je trouve quand je ne cherche pas. A l'inverse, je reste parfois sur ma faim, fidèle à des trésors cachés, entre les langues et les milliards de recoins du web. Mais usant de l'anglais, de l'américain, d'autres langues européennes parfois, de l'argot ou des expressions, je rebondis entre les caches, parfois avec quelques graines dorées, parfois des pépites réelles, et puis parfois des sources, des mines complètes. Alors je dévore, je m'engouffre pour prendre tout, pour trier ensuite, pour classer plus finement et ne garder ainsi que les meilleurs. 





Même si le choix d'une photo plutôt qu'une autre est aléatoire apparemment, il y a toujours un détail, parfois un recadrage de mon cerveau pour justifier de conserver une image, une série de photo, un modèle ou le style d'un photographe. Coup de coeur en premier !


Exigeant aussi sur la qualité sauf pour les pépites vintage.

Seule la curiosité amplifie le phénomène, la quête d'un nouveau graal, d'un nouveau mystère, d'une nouvelle modeuse, d'une nouvelle marque de lingerie, d'un article féministe bien écrit et argumenté, mes choix sont divers, les résultats aussi.
















Ainsi d'une photo parfois, un texte, un portrait de femme, une vision d'une facette de la féminité naît, les mots suivent.



Mots & Emotions
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