dimanche 31 mai 2015

Bonheur du dimanche

Alors que je serai sur le golf, seule dans une foule de joueurs et joueuses, concentrée sur une petite balle facétieuse certains jours, je penserai à elle, ma mère. Un dimanche comme un autre, un dimanche de fête des mères, un dimanche au goût de nostalgie.






Toi, car je peux te tutoyer même si longtemps tu a affirmé ton rôle avec une réelle présence, une profonde distance et en compensation un amour moelleux entre tes bras. Tu savais,  du moins comme tous les parents tu tentais de porter le rôle de l'éducation infaillible, du parent qui donne l'exemple, qui guide sur le chemin de la vie, du parent qui connais les bonnes et les mauvaises choses de cette route nouvelle devant moi. Stricte d'une main, fragile et épouse rayonnante, toujours féminine avec une simplicité due à notre aisance financière très relative, plutôt modeste, tu savais t'habiller de peu, être celle dont on regardait le ruban dans les cheveux, les chaussures bien choisies, les robes corolles taillées et cousues à la main, tombant impeccablement. Et puis tu donnais ton coeur, à tes enfants dont moi. J'aimais prendre ce temps, partager avec toi des heures dans la cuisine pour apprendre à faire des choux à la crème, voir ton sourire anodin à l'époque quand je pouvais goûter, mettre mon doigt dans la crème, ce sourire inoubliable maintenant. J'aimais être trop petite, juchée sur un tabouret pour essayer de battre des blancs en neige, ou ma première mayonnaise. Ma première fois que l'on mangeait tous ensemble autour de la table du dimanche, des oeufs mimosas, et que la magie de la cuisine avait fait de moi, la star relative d'un instant, le jaune d'or se mêlant avec les jaunes écrasés. Les feuilles de salade verte du jardin de mon père, les demies coquilles de blanc d'oeuf, la fameuse mayonnaise, le jaune, les fourchettes, les bouches, les sourires. Aujourd'hui encore en croquant dans ce simple plat, je revois toute la famille, toi, moi, ma fierté, mon bonheur.

Et puis j'aimais tant ta voix douce, le soir, pour lire des histoires, pour m'aider dans mes devoirs, pour me parler en rentrant de l'école, pour me dire que j'allais un jour devenir femme, peut-être mère. Aujourd'hui, je pense à cela, pendant que d'autres calculent leurs coups sur le parcours, que d'autres se montrent leurs grosses montures, se mesurent d'importance en caressant des carrosseries métalliques symboles de leurs réussite ou de leur pouvoir. Des gosses en version adultes, avec des réflexes primaires. Je pense à toi car contrairement à tes autres enfants, mes frères et soeurs, je ne suis pas devenue maman. Juste profondément femme, active et brillante avocate, reconnue pour son éloquence, parfois son élégance aussi, sobre mais féminine, redoutée pour ses attaques, ses leviers qui déplacent tout l'échiquier de mon côté en quelques coups, je suis un peu de toi.








Heureuse oui, libre oui, sans enfants oui et non, j'ai vécu, beaucoup travaillé, oublié le temps de la séduction après une histoire trop forte avec un homme, finie par son infidélité. J'ai douté, pris mon travail comme premier compagnon, laissant les années filer. Le jour où mon prince charmant est venu, tu riais de cette expression, car le tien, mon père, était rustique, sans cheval blanc, mais profondément aimant. Donc le jour où le hasard me l'a mis devant les yeux, je l'aimé quasi immédiatement, j'ai pris avec moi ses deux enfants, ses deux filles, je suis devenue belle-mère, mais cela n'a plus d'importance. Car je suis femme et aimée autant qu'amoureuse de cet homme. D'ailleurs il arrive, nous allons jouer ensemble. Pas de fête de famille aujourd'hui, un jour comme un autre, presque, je laisse mes pensées s'envoler vers toi, partie depuis quelques années. La symbolique du jour m'échappe un peu, car je crois fermement, à la liberté affirmée des femme, à une vie souriante, comme dans tes yeux. Je les vois encore. Toujours apaisant.







Mots & Emotions


vendredi 29 mai 2015

Douceur & Brillance



"Chéri, ce soir, c'est latex !" c'est avec un simple sms que je lui ai tout annoncé.

Dubitatif, il a dû rester devant ces mots, captés entre deux phrases d'une réunion, ou en tapant un rapport sur la croissance économique, bref en plein boulot. Une subite envie de préservatifs, des champignons suspects ou une quelconque démangeaison gracieuse qui fait que l'on porte sa main sans pouvoir se retenir entre ses jambes, non rien de tout cela.

Mais ce soir, j'ai envie de latex, cette matière si tendance que les podiums exhibent sous toutes les formes, en robe, en jupe, en body, en trench déstructuré, en lingerie même. Une curiosité dans un monde où tout évolue si vite, où l'on peut avoir peur de rater la dernière variante, la dernière innovation, le bonheur absolu mais très bref qui nous fera briller dans des discussions elles aussi très brèves. Je veux être in, devancer même la tendance car si les sites classiques de vêtements ou de lingerie, ne proposent pas de réelles déclinaison, j'ai trouvé en quelques clics mon bonheur.

Une version moderne des dessous chics !









Folie me direz-vous au-delà de la curiosité ? Peut-être mais est-il raisonnable de porter des chaussettes dans des escarpins ? d'oser des mi-bas pour valider la couleur trendy d'une jupe coupée de travers ? d'avoir porter des uggs moutonnés et chaudes , et surtout moches ? d'oser les spartiates alors qu'aucun mannequin de magazines n'a encore réussi à les chausser avec élégance et splendeur ?

J'ai envie.

D'ailleurs si l'aspect sulfureux de la matière souvent inconnue de beaucoup de gens, il est souvent lié à des préjugés sans aucun avis réel et direct, des rumeurs ou des lectures avec des stéréotypes tout faits. Certes auriez-vous été tendance en lisant les romans mum-porns, ou totalement perverse si vous l'aviez fait avant le grand coup marketing en trois tomes ? Comment juger sans savoir !

Alors j'hésite, j'essaye, j'écoute les conseils de la vendeuse, certes habillée en robe latex, tatouée, piercée, maquillée un brin gothique, mais avec une voix sublime et des propos justes en réponse à mes interrogations. La matière ? les tailles ? quel modèle pour débuter ? soutien-gorge et culotte ? string ? bas ? comment les enfiler ? les entretenir ? les stocker ?

Je suis étonnée de la variété des collections, encore plus par la douceur extrême de cette matière sous les doigts. Plus encore sur ma peau, c'est enveloppant, autant seconde peau d'une paire de bas nylon, soyeux, gommant les rondeurs, affirmant mes formes, marquant mes atouts voluptueux. Je suis conquise, sauf par le prix, mais une folie moderne n'a pas de prix, et puis c'est quand même plus sensuel qu'un i-machin, même avec un million d'applications inutiles. Je me sens bien dedans, et j'anticipe que mon homme va avoir les yeux dans une autre dimension.

Sourire, achats, sms. 

Vivement ce soir !


Mots & Emotions





jeudi 28 mai 2015

Changement d'air


Changer, fermer les yeux et voir le monde autour de moi autrement.
Oublier.





Une journée.
Rouvrir les yeux, passer devant cette vitrine, voir un reflet, une blonde, une personne qui se penche vers la vitre, inspecte, découvre son visage, sa nouvelle coiffure. Finie les cheveux tirés, stricts, auburns, je les voulais libres, comme moi.

Une semaine.
Assez pour comprendre que la tête dans le miroir, c'est moi, ma nouvelle définition, un peu de moi en version plus actuelle. Je suis blonde, je me vois différemment mais les autres aussi. Mes collègues, celles qui ne tarissent pas d'éloges envers cette nouveauté, ce saut dans le vide, cette nouvelle personnalité, même une nouvelle personne. Oui c'est ainsi que le responsable régional, habitué aux allers et venues des commerciaux, a cru que j'étais nouvelle. Trois ans ici, et enfin une existence. D'ailleurs certains regards changent, semblent plus présents, plus insistants et pourtant mes jupes sont toujours aussi longues.

Un mois.
Première visite chez mes parents, les yeux de ma mère, fausse blonde depuis vingt, voire trente ans, interloquée en me voyant. Heureuse, émue même, et mon père avec un simple compliment, des bises comme à chacun de mes retours, rien de plus. Il semble habitué, certes avec quatre filles et deux belles-filles, il en voit de toutes les couleurs, de toutes les longueurs. Blasé, non, discret mais avec un avis, qu'il faudra lui extirper après le dessert, quand l'estomac endort sa protection de père, de mâle, sa vigilance silencieuse. Mes soeurs ont adoré, en même temps, je dois être la dernière a avoir changé en blonde. Celle qui est restée trop longtemps avec les mêmes habitudes et le même copain. Mais je viens de le mettre dehors, de rayer son nom et prénom de ma liste de souvenirs. 









Un trimestre.
Un semestre.
Un an déjà. Je ne me vois plus qu'en blonde, assez pour avoir changer aussi un peu de garde-robe, plus détendue, plus glamour aussi pour certaines sorties. Sérénité retrouvée, loin de la routine avec le même copain, des aventures depuis, sans suite, mais un nouvel univers. Des nouvelles photos de moi dans les soirées, une promotion car plus investie, plus disponible, une nouvelle vie s'offre à moi, simplement. Mes cheveux sont comme moi, libres, je vais les couper plus courts, en éliminer dix bons centimètres pour rajeunir le tout. J'essayerai peut-être un blond plus sobre, avant l'été où ils risquent de virer au blond platine. Je me vois, je m'aime ainsi. J'ai toujours été cette jeune femme, et je souris en retrouvant des photos, de moi, de lui, de nous, de moi surtout, différente. Juste la coiffure, non, une grisaille, une ritournelle pesante, maintenant disparue. 







Mots & Emotions

mardi 26 mai 2015

Verdure

Curieux je suis, non pas de le sens de la définition malsaine que l'on donne trop souvent à ce mot. Dans la version insatiable de savoir, de connaître et surtout de comprendre mais plus encore de m'évader. Alors mon regard est différent peut-être un peu du vôtre, car si je suis parfois contemplatif, dans la durée d'un mouvement de travelling lent autour de moi, en regardant courir les affolés de la vie, mais finalement dans un ralenti intérieur. Je note, je décortique, je vois des détails qui vous échappent, je ferme les yeux et la suite défile.


Curieux ou chanceux, car quand vos yeux sont encore collés à votre téléphone mobile, à vos chaussures et suivent le vide de l'existence, à moins qu'ils ne décollent pas de vos jeunes enfants, par sécurité; Ainsi je vois des situations, des instants, des personnes au milieu des autres, je les ressens différemment, je les extrais de la foule, les exfiltre pour ne voir qu'eux, dans un décor absent.

Hier, assis sur un banc, évitant les crottes de pigeons, oubliant les cris des enfants, tournant le dos à la fumée des différentes cigarettes ou autres fumettes locales, je regardais la pelouse. Cette jeune femme, habillée d'un pull d'été gris, de belles lunettes, des cheveux tirés, une jupe courte, des escarpins noirs pleins de poussière blanche du chemin. Elle marchait, son sac, ses pensées ailleurs, un coup d'oeil vers le ciel. 




La pelouse, les oiseaux, le ciel bleu, quelques nuages, elle semblait s'échapper de son bureau. Son mobile, sa tablette, elle les a fourrés dans le fond de son bazar. Et dans un mouvement tout aussi décidé, elle a eu besoin de relâcher ses cheveux. Libres, dans le vent, ils volaient, se mélangeaient, lui chatouillaient le nez, fêtent leur liberté. Elle en a ri en s'asseyant là, dans l'herbe, seule, mais soudainement heureuse. Une étincelle de joie, toute personnelle, un lâcher-prise.

Était-ce le lieu ? le soleil ? une décision ? un dernier sms avant de couper ? le printemps ? cette journée presque en bonus ? Je ne sais pas, mais elle rayonnait, elle libérait ses pieds, nues ses jambes prenaient le soleil,  avides d'une teinte caramel en devenir, assise délicatement. Jupe grise, coupe originale, elle savourait cette nature.

Simplement



Mots & Emotions


lundi 25 mai 2015

Aider, Aimer, Vivre

J'ai utilisé ce slogan durant les dernières années pour défendre un processus de vie et d'amour, celui de chacune et chacun. Celui aussi de la prévention face au sida, une maladie sournoise comme les autres, profitant des instants de relâchement, des sentiments, des envies charnelles encore plus fortes.


Une maladie d'amour !


Donc il faut continuer à l'enrayer, à se protéger, à s'aider, à s'aimer aussi, avec toutes les folies que nos corps peuvent souhaiter, partager, assouvir dans un duo de plaisirs. Il faut vivre.






Parfois s'ajoute d'autres soucis, pas une maladie, pas un simple souvenir trouble, pas une angoisse envolée après quelques minutes, mais un acte, consenti ou non, et une fatalité. Une grossesse, un début de grossesse non souhaitée pour être précis. Personne ne joue avec son corps, personne ne veut jouer avec une conception, personne ne veut cela. Ni les douleurs psychologiques d'être trop jeune pour une erreur de protection, d'être trop soi-même pour ajouter un membre dans la famille, d'être la victime sans comprendre le script de cette mauvaise histoire, ni aucune souffrance pour les premiers jours, les premières semaines qui défilent trop vite face à l'immobilisme de notre société.  


Oui, Mme VEIL a un jour ouvert la porte sur la honte, sur des étapes malheureuses et volontairement cachées de certaines vies, sur les morts dans des souffrances atroces, juste pour ne pas être mère au bon moment. Car celles qui ont un jour choisi l'avortement, elle voulaient simplement décider, non par fantaisie, ni même par liberté évidente de leur sexualité, mais bien dans un projet de vie, de famille. Car le foetus peut devenir un bébé, un enfant, une vie, une éducation, un parcours de vie, et tout cela doit pouvoir être assumer, souhaiter. Or parfois le début de l'histoire est bien différent. Le choix est cruel, mais la décision doit être aidée par notre société moderne. Je vous ferai grâce des motivations, surtout religieuses, non pas culturelles, des uns et des autres. Je laisse la honte se propager sur ceux qui ont décidés, qui ont forcés, qui ont bannis cette idée tout en bannissant celles qui gardaient ces enfants non souhaités. Troublant paradoxe des "bien-pensants", ne souhaitant pas assumé le projet de vie qu'ils imposaient, faisant suite à la décision qu'ils imposaient aussi.




Oui, l'avortement est un droit, légal en France depuis des décennies, pour ne pas jouer, j'insiste, avec son corps, la contraception existe aussi, mais pour se libérer d'une vie non souhaitée. Mais surtout pour le faire de façon médicalement assistée. Car les faiseuses d'anges, souvent décriées, furent sources de complications, mais aussi de vies réellement libérés d'un poids impossible à porter. Mais nous sommes en 2015, la société nous emporte dans des chemins de modernité, avec du progrès chaque jour, bon ou moins bon, profitable souvent ;-). L'humain doit pouvoir profiter des avancées de ce système, librement. Car parler autour de vous, vous serez surprises, du silence, de certains secrets tardifs, sur ce sujet. Hommes responsables de maternité non souhaitée, pris dans le piège de devenir père malgré eux, lâches professionnels aussi. Femmes enceintes malgré elles, coincées dans l'étau de leurs contraintes de vie, famille, boulot, réalité.

Aujourd'hui, il faut donner librement accès au soutien psychologique, aux moyens légaux de fin de grossesse. C'est une liberté, pas une fantaisie, un  véritable droit.

Il y aura toujours autant de sourires après, de beaux bébés souhaités, de vies sereines. Et ce, malgré le choix douloureux pour ceux et celles qui ont un jour eu recours à l'avortement. Ce n'est une décision prise à la légère. Aidons, aimons, vivons !





PS : une association WOMEN on WAVES dirigée par la Docteur Rebecca GOMPERTS utilise le net pour défendre ce droit, pour fournir des solutions à celles qui sont derrière les barreaux d'une religion, d'une idéologie culturelle ou politique les empêchant d'avoir ce libre-choix.


Mots & Emotions

vendredi 22 mai 2015

Bas Nylon toujours présent

Parler de bas nylon en fin de semaine, pour espérer un week-end troublant d'ultra-féminité, un début, un espoir, un tourbillon, je vous laisse doser vos envies.


Bas nylon, un sujet souvent accompagné de peu de mots écrits, mais plus de mots exprimés, de ressentis, de mains évoquant des courbes, des coins et recoins, des jarretelles, bégayant un peu entre leurs émotions et leurs envies charnelles parfois un peu trop soudaines, ou simplement un silence vers de la poésie, des mots choisis, des mots simples pour un univers si multiple. Tant de facettes que j'explore, sans relâche, ici ou sur d'autres blogs, sur des papiers, dans quelques dessins privés, parfois même, oh..., en ajustant des jarretelles pour expliquer à des débutantes en la matière, mais sinon, avec fidélité, en dégustant le jeu du voir, entrevoir et apercevoir des jambes de ma compagne.


Bas nylon, souvent sujet à des photos graveleuses, pornographiques, simplement vulgaires et anatomiques, sans intérêt à mes yeux, mais heureusement des passionné(e)s comblent l'autre frontière glamour, ces espaces nourris des images des années 40-50-60, avec les figues pratiques des jarretelles et des premiers bas nylon à couture, mais aussi l'illustration graphique des pin-up, devenues référence de cet accessoire ultra-féminin. Photos nombreuses, kaléidoscopes des visions de chacun sur chacune des jambes, sur chaque couture, sur chaque voile de nylon, sur chaque denier, sur chaque revers et sur les jambes, les corps qui les portent à merveille.




Bas nylon, sujet de créations nouvelles malgré des productions sur des machines inégalées datant des années 40 ou 50, en France mais aussi aux Pays-Bas et en Angleterre. Vintage parfois, j'en parle si souvent, et d'ailleurs un peu plus dimanche prochain, dans un autre article, bas vintage donc, ceux qui tracent le savoir-faire ancestral, le millésime d'une époque révolue mais d'une finesse transmise, d'une sensation unique souvent sur les jambes, unique car une seule et dernière paire de disponible chez vous. Ces bas nylon, sources de glamour sans le dire, car invisibles sous les jupes des femmes, un choix personnel trop rare, mais dont personne ne connait réellement l'ampleur. 

Et puis si ce diamant, quasi transparent, ne fait étalage de son opulence, il est le savant mélange d'une part d'esprit féminin, féministe même parfois, d'une envie bien personnelle de celle qui a fait le choix de le porter. Ajoutant le glamour toujours, un toucher incomparable, une caresse charnelle inconsciente ... consciente pour être soi.



Nylonement

jeudi 21 mai 2015

Liberté de compliments



Journée mitigée, le soleil ne joue pas avec la lune comme dans une chanson joyeuse, mais avec des nuages distants, des brumes surprenantes pour un mois de mai. Je patiente pour un rendez-vous, pour convaincre des clients moroses comme le business et la croissance de notre beau pays. La météo serait-elle aussi atteinte par cette contagion ?


Et elles passent, oui deux jambes, une ravissante paire de gambettes dans un gris opaque foncé, des talons en-dessous, une jupe corolle au-dessus. Un rayon de soleil les suivant de près. Impossible, je dois rêver, m'être endormi sur la chaise de cette terrasse, de ce café. Tout est là, un sac glamour et moderne, un petit haut fausse fourrure un peu tendance. Un rayon de beauté, un de ceux qui parle à mon bonheur version mode. Elles s'arrêtent. Je fais une pause sur elles.




Mon heure arrive, un bip de mon téléphone, je paye, je me lève en ramassant mes affaires, je file. Elles sont toujours là, en attente, même le soleil a poussé les nuages malicieux, la lumière juste autour des talons. Je cherche ma direction, justement par là, vers elles. Je traverse, je passe, j'aperçois un visage, une écharpe, le courant d'air qui justifie pleinement cet accessoire. 

Ravissante. Ce mot reste en moi. Car dans notre belle société, vous savez celle où vous vivez, payez des impôts inégalitaires, subissant des lois étranges parfois, profitant de la réalité simplement les autres jours, il y a délit de liberté d'expression. Vous en connaissez les tyrans, les barbus châtiant les infidèles, les humoristes et les personnes libres dans un amalgame honteux. Les mêmes, qui inculquent à leurs générations, un héritage crétin (non ce n'est pas une religion !) de mâles en machistes, avec des valeurs viriles et nébuleusement primaires. Ceux-là même qui pense que les femmes sont des êtres humains de catégorie inférieure, mais bien utiles pour le ménage, la gestion des enfants, la cuisine et le lavage de leurs linges. Ces hommes de tous âges, jeunes, enfants, élèves, étudiants, adultes ou vieillards jettent des mots, des saloperies, des insultes, des blessures sur le corps des femmes, mais apparemment ne se lassent pas de les regarder, ou ne savent détourner les yeux ailleurs. Oui ce sont des êtres primaires, n'oublions pas ! Ceux-là toujours qui voyant une femme élégante, belle, jeune ou vieille, libre de sa mode, ceux-là donc qui ne pense qu'avec un cerveau à deux boules, et semblent avoir une sexualité, du moins une vision bestiale, animale (ah moins que ceux-ci ne soient paradoxalement de grands consommateurs de vidéos de cul). Paradoxe de pensées, plutôt de réflexes conditionnés, ils insultent les femmes. 
Surtout ils ne les respectent pas. Jamais.








Alors j'assume ma personne, je suis un homme, un mâle, un esthète, parfois probablement un voyeur car je ne baisse rarement les yeux. Machiste, pas du tout, sauf en présence de femmes qui pensent que tous les hommes sont pareils, face aux féministes camionneuses et obtuses, je peux devenir macho extrémiste, le temps d'une joute verbale. Féministe, oui, sensible à la féminité, très sensible à l'équité et à la liberté de vie et d'expression des femmes : OUI !

Je ralentis, elle est derrière moi, je me tourne, elle arrive à ma hauteur se dirigeant vers la même rue, même trottoir. J'ose, une folie dans notre monde actuel, un acte peut-être filmé par les trop nombreuses caméras de soit-disant sécurité. Une liberté cachée, presque un geste militant pour la féminité, j'ose totalement.

"Mademoiselle, je sais que c'est interdit, mais pas insultant, vous êtes ravissante ainsi. Votre tenue défit cette météo. Vos jambes sont magnifique, votre mode avec."

Dans un même tempo, elle freine, sourit, rit, s'illumine pleinement.

"Merci Monsieur, les compliments sont si rares, les insultes et sifflets trop souvent. Mais j'aime le printemps, je le défis avec ce rose (sa jupe pour info), même si je dois jongler entre le chaud de mon gilet, de mes collants. Je défends aussi ma liberté de femme, d'être moi, avec la mode que je veux. Bonne journée."


Oui quelle belle journée !



Mots & Emotions
Nylonement


mercredi 20 mai 2015

Epanouie

Libre, seule mais sereine, presque du moins, le temps de la digestion.

C'est ici que j'avais rencontré mon prince charmeur, dans ce riad marocain, durant un séminaire pour entreprises, des consultants, des spécialistes, des experts, des commerciaux, du gratin dans mon secteur. Des journées boulot le matin, détente, golf, piscine et autres balades l'après-midi, des soirées un peu folles, des repas fabuleux dans la fraîcheur nocturne du jardin immense, des coins et des recoins. On avait dansé tard, le deuxième soir surtout, les plus gros messages étant passé, la centaine de personnes se lâchait, discussions professionnelles au début puis plus de liberté. Des couples car la société qui invitait ne négligeait personne, ni les cadeaux, ni les billets gratuits, pour "le travail" et pour le fun, mais avec l'objectif de vendre nos produits ensuite. Juste les nôtres.



J'étais alors célibataire, libre de profiter de ce lieu magique, de ce pays formidable, des activités touristiques ou sportives. Des groupes, des affinités, des couples plus seuls, la barrière de l'anglais ou l'envie de profiter à deux. Plusieurs riads reliés pour des dizaines de chambres, du personnel discret, du thé à la menthe, et ce jour-là lui, le beau mâle, le commercial sur de lui, conquérant, un peu trop sûr de lui. Il avait essayé, sans trop cacher son jeu, envisageant vite un duo avec moi, plus que professionnel, le grand coup du dragueur. Avec le soleil, l'ambiance aussi, j'avais fini par en rire de ses avances, de ses compliments sur mes robes, sur mes chaussures, sur mon élégance, et puis j'avais craqué. Ses bras, son odeur, la chaleur, le thé, les fleurs du jardin, un parfum d'ailleurs et puis pourquoi pas.

Voilà deux ans que c'était comme cela, car nous avions des réunions régulières, des séminaires et autres colloques, chacun volontaire de notre côté, nos vies autrement, le boulot comme trait d'union et de galipettes joyeuses. Un bonheur fort ! Avec quelques virgules, sans trop s'encombrer, sans trop s'envahir, j'avais compris qu'il était marié, et moi,, je voulais, qu'est-ce que je voulais vraiment ? J'étais bien avec ce presque gentleman quand il lâchait son portable et sa famille lointaine. Nous étions heureux, complices, charnellement très jouisseurs du corps de l'autre. Des sex-friends, peut-être un peu plus, mais pas trop obligé par l'autre, cela chagrinait ma meilleure amie, elle ne voyait pas dans quelle case le mettre.


Je n'y jamais réfléchi, même quand mes soeurs ont annoncé mariage, bébé et maison, tout cela ce n'était pas pour moi. Mon appartement me suffisait, ma liberté et mes amis aussi. Le lit certes froid certains soirs, pas toujours non plus, n'en déplaise à ce monsieur. Je vivais comme une trentenaire libre de son corps, de sa vie, de sa profession, de son salaire et de toutes ses décisions. Libre.







Libre encore plus aujourd'hui, car finalement cet homme devenait jaloux de tout cela, mais se cachait derrière sa femme enceinte du second enfant, sur les projets, sur un impossible divorce que je ne lui demandais pas. Un mâle régnant, croyant annexé mon fief, mon chez-moi en plus du sien. 
Non. voilà ma réponse quand il a demandé pour le prochain colloque. 

Et puis l'organisateur étant un collègue, j'ai fait envoyé une invitation "Mr et Mme ..." chez lui, avec une lettre "comme la dernière année, nous pourrons vous réserver une chambre double pour votre venue...". Etrangement, lui aussi a été obligé de dire "non" 

J'aime le soleil sur mes épaules, le goût si sucré du thé à la menthe, très chaud, les parfums du jardin.



Mots & Emotions

mardi 19 mai 2015

Soleil d'amour

Soleil sur le lycée, envie de penser à tous les week-ends de l'année, à toutes les sorties, à toutes les fêtes et surtout à ce bonheur avec mon amoureux. Un hasard, une soirée prévue pour être pourrie, pour accompagner une copine, de la musique trop forte, j'aime pas çà. 

Et puis là dehors, sur le perron, malgré le froid, un groupe de fumeurs, et lui perdu dans son téléphone, pas pour jouer mais pour occuper son temps. Deux mots, en même temps, le côté instable à 360°, deux timides ou du moins deux êtres inconnus l'un pour l'autre cherchant le premier mot juste. La soirée a filé ensuite trop courte, le bonheur de parler avec lui. Et pourtant son look, le mien, le lieu, les copains, rien n'était parfait.

Six mois de sentiments, je ne dirai pas d'amour, je prends encore ce recul. Des longues discussions, des changements de tenue, je suis passé de jean collé à ma peau, à des jupes, des tops, des tee-shirts plus féminins, lui a redressé sa coiffure improbable. Un baiser en partant d'une soirée, la main dans la main parfois en se retrouvant au café, et puis les casse-pieds, les jalouses, les cons, les beaufs, le monde normal m'a dit ma mère.







Nous avons fait une sortie de quatre jours, nos classes ensemble, deux jours de rêve de bisous, de balades, de discrétion vis-à-vis des profs, d'envie de plus. Oui j'ai compris ce que mon corps, ce que mon coeur, ce que mes parents m'avaient expliqué il y a si longtemps. Faire l'amour. Juste des pensées, mais une profonde envie. Juste traduite par une paire d'escarpins achetée en cachette, une jupe plus courte, un ensemble si féminin pour la soirée de gala de ce voyage. 

Il a aimé, on ne s'est plus lâché depuis.

Je l'aime, il m'aime. Mes parents l'ont vu passé un soir, mes frères et soeurs ont jasé, bref le bonheur de la famille. Les commentaires, les rires et autres sourires. Finalement des conseils et puis un recul assez étrange, comme si tout cela était normal. Moi la grande, l'ainée, je testais la vie, l'amour, la rencontre de l'autre. 





Là, j'hésite, des soldes, une robe rouge, elle me va si bien, mais cela fait too much quand même me dit ma meilleure amie. Je vais attendre, mais je redoute l'été, les vacances, les distances, l'oubli. Je vais vivre l'instant présent mais il va bientôt se finir, mi-juin ce sera vacances.


Mots & Emotions





lundi 18 mai 2015

Pause

Lundi, repos, pas de pont ni de rtt à profusion dans mon métier, plutôt du boulot, encore et toujours et cela malgré les trop nombreuses absences des fonctionnaires qui récupèrent les heures dormies au-delà de leurs rituels de 35h. Un pays, une société, un système à deux vitesses, des inégalités à sens unique.

Alors aujourd'hui, je me suis offert une pause, un début de semaine au ralenti, une longue nuit dans ses bras, un réveil tardif, sans lui, parti au travail, un agenda indéfini, pas de téléphone boulot, une bulle juste pour moi.

J'ai pris de temps de me doucher longuement, d'essayer les crèmes miracles ou simplement si doucement parfumées que je stocke sans prendre le temps de les étaler soigneusement pour nourrir ma peau, lui donner du soyeux, du bonheur et cela avec mon parfum. Grand soleil dehors, j'aère les pièces, je regarde la terrasse, les fleurs vont bientôt percer leurs boutons, les arbres du parc en face sont verts, l'air est frais, agréable.

Le temps aussi de regarder mon dressing, un peu de rangement, un peu de classement, pour enfin remettre les doudounes et autres pulls en haut , et sortir des couleurs d'été, des jupes, des tailleurs, des tops plus légers, des matières fluides qui coulent entre les doigts.




Voilà si longtemps que je n'ai pas pris ce temps, pour bosser, beaucoup bosser, pour moi, pour mon cabinet, mes associés et moi-même, pour les clients, pour s'assurer un beau train de vie, mais finalement, si peu de voyages, trop de fatigue, si peu de restaurants, trop de dossiers, si peu de balades shoppings, pas de temps du tout. Je ressors des affaires achetées à la hâte un jour de soldes, en attendant un rendez-vous, un sac presque oublié, une jupe rose, belle idée, ce sera parfait pour égayer mes prochaines semaines. Des chaussures, je mets souvent les mêmes, et pourtant je ne manque ni d'escarpins, ni de ballerines, ni de modèles intermédiaires. Des bottines neuves, jamais mises, juste posées là. Je les essaye, je marche dans l'appartement, je suis bien, un peu sur la terrasse, la main frotte les épices, les herbes. Des parfums nature, moi, la mode, le printemps.


Je suis tranquille, j'ai pris le temps de classer et de lire enfin des livres offerts à Noël dernier, des romans, des espaces de liberté pour m'évader. J'en ai tant besoin, je profite. Du thé, du thé fumé surtout, des chocolats noirs, ceux que nous aimons tant tous les deux.

Lui, quelques sms, des réunions, il m'envoie sa bonne humeur, son envie de rentrer plus tôt.

Belle idée.

Et si justement, nous prenions du temps pour nous, pour ne plus succomber à la fatigue, ni aux câlins rapides avant de repartir vers un dossier sur l'ordinateur. Si nous prenions le temps de nous poser dans les pièces de ce bel appartement, surtout entre table de salon devenu bureau commun, chambre pour les épuisés que nous sommes. Respirer, prendre une grande goulée d'air, expirer doucement, couper les téléphones.

Une commode, une dressing fait sur-mesure pour moi, des tiroirs agencés pour mes très nombreux ensembles de lingerie, mon plaisir à fleur de peau, je fouine, je ressors des ensembles plus séduction, des jarretelles, des serre-tailles, des nuisettes, des bas nylon. Et si je le surprenais ce soir, en l'attendant ainsi. En le capturant dans mes fils de soie, en le bloquant contre moi, juste une fine dentelle entre nous.

Vivement la fin d'après-midi, juste assez de temps pour ressortir des ensembles luxueux oubliés, juste le temps de penser de plus en plus fort à lui. Prendre du temps pour nous.






Mots & Emotions


vendredi 15 mai 2015

Quelle réalité nous vendent-ils ?

Chaleur de l'après-midi, vent sournois qui soulève les jupes et rappelle que l'été est encore loin.

Je pousse une table, je me glisse sur une chaise, là sur cette terrasse de café,je commande un schweppes citron. Contemplative, naturellement, je pose mon téléphone, je l'oublie même car le silence malgré la centaine de CV envoyés la semaine dernière, m'agace et me terrifie.





Sobrement, je laisse mon regard voguer sur la population, je flâne avec mes yeux, immobile, cherchant le détail de mode des unes, les silhouettes des autres. Homme ou femme, je ne suis bégueule, tout est sujet à mon plaisir visuel. Un décolleté savant d'une chemise en coton ancien, caché par une écharpe de coton mou indien, une coiffure courte qui va si bien avec le sourire de la demoiselle, deux amoureux plus loin, lui n'ose pas, elle parle. Enfin ils s'arrêtent, lui ose, les lèvres se rencontrent, elle l'enlace, n'attendant que cela peut-être. Lui là-bas avec son téléphone, une veste d'été sur l'épaule, une chemise un peu vieillotte,  un pantalon droit, mais une paire de fesses bien rondes, un bonheur visuel. Non je ne regarde plus ailleurs, j'attends juste de trouver le zoom pour apprécier la courbe parfaite, pourtant le visage est quelconque, je préfère définitivement le verso.





Une robe bleu, une robe noire et beige, deux collègues ou deux copines, elles parlent avancent vite dans la rue, rien devant elle. Un couple de personnes âgées, une course folle entre lui et sa jambe raide et madame un peu ronde, pas très habile pour escalader les trottoirs, ils se faufilent entre poubelles, voitures mal garées, arbres stressés par le goudron ambiant et quelques crottes de chien impolis, enfin surtout leurs maîtres. Un groupe de jeunes fument, ils causent et tapotent leurs téléphones, cet organe bientôt greffé sur eux en direct. Des jeans uniquement ! 

Là-bas un skateur, les cheveux au vent, l'allure du surfeur cherchant sa vague, précoce avec son short et son tee-shirt débraillé. Je bois mon verre, j'ouvre mon magazine en attendant le prochain rendez-vous. Des publicités, des gens parfaits, des jeunes filles plutôt que des femmes, mais malgré mes vingt ans passé, je ne me reconnais pas en elle, surtout quand quelques pages plus loin, elles vantent des crèmes anti-âge, mais elles n'en ont pas d'âge. Etonnant choix, plus étonnante encore notre inconscient et son interprétation naturel, formaté par la publicité ou peut-être lassé par ce vide, ce gouffre entre leur vision et notre réalité.






Moi, je suis blonde, enfin depuis ma première teinture, je me sens mieux ainsi, et plus personne sauf ma mère et mon père se souviennent de ma couleur d'origine. Une petite poitrine, des hanches, un début de cellulite tout en faisant du sport, attention à mes repas, et en bougeant souvent à pied. Bref une personne affreusement générique comme mon copain, qui se décrit ainsi. Ni belle, ni moche, avec des yeux marrons pas en amande, ni un nez de princesse, juste un trait d'eye-liner derrière des lunettes. Standard mais avec son charme, belle avec une petite robe noire, souvent en jupe car mes jambes restent un atout, mais pas un modèle photo. Mais je m'assume avec mon corps, mes hormones et son amour. Celui-ci est si fort, qu'il m'a permis de gommer des doutes, de croire en cette petite robe l'autre jour, de voire la mode plus en féminité.





Mais cette femme, enfin cette jeune femme pour ne pas jeune fille sur la publicité des collants, ok elle a des jambes immenses, une taille de guêpe, mais aucune forme sauf celle d'un tube. Je ne suis pas jalouse, juste amusée du décalage entre elle, moi, les autres là devant moi. Aucune lui ressemble !

Et çà ne fait pas rêver pour autant !



Mots & Emotions


jeudi 14 mai 2015

Sombrer dans la nuit

Petit matin, heures indéfinies. Dormir, enfin m'écrouler, après la fête d'hier, trouver un coin et sombrer.

Ah les études, les heures de travail accumulées à l'agenda des cours, des TP et puis surtout les transports. Une pensée à notre société qui a voulu des diplômés, en oubliant de construire des universités modernes avec des chambres à côté, surtout à un prix raisonnable. Alors hier après-midi j'ai bossé dans un magasin, un nième boulot, de vendeuse, précaire, au gré des envie de patrons exploiteurs. Ils n'ont qu'à tendre la main, elles sont dix, vingt cinquante à attendre ma place. Parfois il mate mon derrière, je le sais, nous le savons toutes ici, surtout depuis qu'il a imposé une tenue "plus marketing, plus accrocheuse" à chacune de nous. Tee-shirt blanc, moulant, une taille en dessous, demandez à Clara avec son bonnet D, elle frise l'explosion. Une jupette noire courte, vraiment mini-jupe, un collant opaque noir que nous avons demandé car il devenait impossible de se pencher. On dirait des hôtesses au salon de l'automobile. Bref, j'ai bossé, j'ai vendu des fringues, rangé le stock, réceptionné des cartons, poussé le tout au fond du magasin, souri à des clientes polies et aussi impolies, nettoyé, compté, recompté. Vannée mais ensuite je suis rentrée dans mon petit appart, un studio exactement. Un truc avec quatre murs précisément, un lit, une table de travail, pas vraiment pour manger, un coin évier-cuisine, une douche et un lavabo, des toilettes, une surface géante dont je ne veux pas savoir les dimensions, je connais le prix du loyer. J'ai bossé tard, passant quelques coups de fil à mes amies, m'épuisant sur des devoirs, des préparations de droit fiscal, mon avenir.





Aujourd'hui, j'ai filé en jean et chemise colorée aux différents cours, et après ? Un retour rapide à mon petit chez-moi, une balade dans le frigo vide, une salade et une soupe, un bout de fromage, juste le temps de prendre une douche, une ponctuation de fin de semaine avant l'heure avec le pont. Un jour de repos, non deux, enfin quatre avec le week-end car la patron ferme la boutique. Pas payée mais libre. Du temps, ce qui me manque le plus.


J'ai profité sous la douche, comme une renaissance, un long moment de bien-être, avec un lait d'avoine léger sur ma peau, doux tant dans sa texture qu'avec son parfum. Je connaissais mon occupation du soir, une sortie entre filles, toutes célibataires ou presque, sans aucun mâle, notre rituel de papotages, de ragots aussi, de bonnes affaires et de mode, de détente assurée. Toutes dans la même tranche d'âge, des études en cours ou un premier boulot, la confusion parfois dans nos têtes entre la société vendue par nos politiques et la réalité amère du marché du travail. Mais ce soir on oublie cela, on positive, on rit, on sourit, on réconforte parfois, on se marre, on rigole parfois même dans sa première acception. Ce soir, petit resto dans un coin du Marais, notre bande. J'enfile de jolis dessous liberty jaune, une folie pleine de couleurs, un bonheur d'été, tout cela sous une robe jaune dégotée dans la boutique de mon labeur. Un coton léger, un jaune vif, banane, une petite noeud noir à la ceinture, plutôt d'ailleurs sous la poitrine, comme pour marquer un effet taille haute. Je l'adore. Des bas plumetis, des talons, ceux que je ne sors jamais, ni pour les études, ni pour les transports, ni pour le job.





Je me sens femme, je me sens bien. En riant, je verrai bien les bras de mon amoureux autour de moi. Encore faudrait-il que j'en trouve un, juste à caler dans mes horaires de la semaine, pas trop encombrant, mais juste réconfortant, pas trop collant, mais bien présent quand je le veux, quand j'en ai besoin.

Ce soir, je suis épuisée, on a dansé, chanté, parlé, crié. Une soirée par hasard, une autre bande dans le même resto, on les a suivi pour finir dans un loft géant, de la musique, des gens sympa, des jeux de lumière toute la nuit. Des canapés, des mezzanines pour boire, parler encore malgré le bruit, rencontrer des nouvelles têtes. J'ai bu un peu trop probablement, plus la fatigue. Des souvenirs oui des remarques et des compliments sur ma robe, des sourires, un regard aussi, plus fort d'un beau mâle, jusqu'au retour de sa blonde aux yeux énervés. Un grand rire, du bon son ainsi qu'un coup de fatigue. Là maintenant, je suis lové dans un coin, entre deux fauteuils, je me suis écroulé. Je dors.






Mots & Emotions

mardi 12 mai 2015

Mode d'aujourd'hui

Etrange monde dans lequel nous vivons, apparemment libres, mais pourtant les petites phrases parfois me semblent poser des barrières, des limites, des frontières.

Plus encore pour les femmes, pour les jeunes femmes de 20 ans, pour les trentenaires, pour les quadras, pour les quinquas, à chaque génération, des préjugés bien emballés s'installent, prennent racines. Notre société n'évolue pas, les stéréotypes non plus ne disparaissent pas ?





J'avoue ressentir un décalage avec tout cela, simplement en étant moi-même. Une quinqua, une ex-quadra, mais l'âge n'est qu'un facteur temps irrémédiable, une évidence du quotidien et du calendrier. Je ne cherche pas à être une autre, ni à être moi plus jeune, car j'ai vécu, des bons moments, d'autres moins excitants, mais le bilan est derrière moi, et maintenant, je profite. Mes enfants sont grands, les études faites, les boulots trouvés et pour certains installés en couple, en petite famille. Moi, je suis divorcée, pas un cas à part, plus un cas standard dans ma génération, une vie heureuse puis heurtée par l'incompréhension, par la distance, les non-dits, les instants sans sons ni images, une vie arrêtée, déprimante avant la coupe de ce cordon, longue, trop lente puis la libération. Des enfants plus sereins que moi à l'époque, plus troublé par leur adolescence que par cette histoire d'amour fini, et puis un jour, leurs vérités, leurs regards froids et très directs sur ce changement, ils l'attendaient naturellement. Aujourd'hui, je vis, je suis responsable d'un magasin, je suis libre de mes choix, je suis sous pression quand les clientes manquent, survolté quand les chiffres sont bons, surtout heureuse quand les clientes reviennent, fidèles dans la continuité. Certaines sont devenues des amies, un autre contact, des histoires mélangées,  des soirées à rire de nos passés, à parler de notre présent, de nous. Le futur, il est différent dans nos esprits, nos attentes sont vers l'autre, avec un nouvel amoureux ou bien seule mais sereine.




Notre corps aussi, plus libéré pour certaines fantaisies peut-être mais là notre caractère et nos rencontres varient beaucoup. Un hasard fort, un coup de coeur, le bonheur. Notre corps aussi dans la mode, et là justement les préjugés émergent dont le meilleur "la longueur de la jupe suivant l'âge". Oui je vois déjà une échelle officielle, une ou plusieurs lois, françaises voire européennes pour autoriser tant de centimètres de jupes, tant de centimètres effrontés de chair. Grande, petite ou moyenne, avec la même jupe et parfois la même taille, nos fesses et nos rondeurs donnent des effets différents. Mais c'est d'abord dans notre tête que l'on voit, que l'on croit voir ceci ou cela. Alors avec le regard des autres, des proches, des collègues, des amies, de toutes et de tous !









Choix impossible, le mien c'est mon style, par celui de ma jeunesse en jean, pas celui de mes rares sorties en boîte de nuit où je devais faire plutôt prude, ni même après, pendant et encore après les grossesses. Mon style c'est aujourd'hui, c'est celui des compliments de mes enfants, mes filles, mes garçons, ils voient une mère qui assume sa féminité. Pleinement.

Donc aujourd'hui c'est jupe, plus souvent robe, parfois tunique l'été, avec des cuisses dévoilées en partie, bien plus que le genou. Je me sens si bien en bottes, en bottines depuis deux ans, en toutes saisons, j'expose mes jambes, mon atout féminin. Je me sens bien. Alors, jupe courte, mini-jupe ou simple jupe, je vis avec. Je ne mesure pas, et je ne laisse présumer que l'adéquation entre mon allure, mon âge et ma tenue soient sujet à une quelconque loi. Les trop-bien-pensants peuvent encore regarder ailleurs ou le sol, voire même leur enfer personnel, mais pour moi, je vis, je suis une femme, je suis une quinqua en jupe, de la taille que je veux (n'en déplaise au diktat délirant et ringard de l'auto-proclamé reine-chérie c.cordula).

Et vous savez ? lui il adore mes gambettes. Seul son regard, en plus du mien, compte.





Mots & Emotions

lundi 11 mai 2015

Matin de printemps

Chaleur, délicats instants du matin, la fenêtre ouverte, le bruit de la ville qui se réveille aussi, des voitures, des livraisons et quelques passants. 

Mon balcon, les volets à peine ouverts, les fleurs encore endormies, le printemps arrive enfin, la verdure aussi, les couleurs s'ajoutent au vert. Je savoure ces moments calmes, avant le rush des réunions, des rapports, des créations et du sempiternel leitmotiv financier, plus souvent frein que tremplin.





Des emails, des écrans, des idées, des mots, des dossiers, des contrats, mais où serons-nous en fin de semaine, en fin de mois, de trimestre, plus souvent concentrés sur le court terme, sur les chiffres d'analyse et les autres réunions pour en parler que sur les actions réelles à mener, pour essayer, pour tenter, pour réussir, pour viser d'autres horizons et donc toucher de nouvelles clientes. Voilà déjà devant ma tasse, je suis partie dans mon boulot. Heureusement le week-end fût plus long, le plaisir de la détente aussi. Un spa, une heure de bien-être papouillage et bichonnage, je suis ressortie toute fraîche. 

Penser mais à autre chose, à moi, à ma vie, à mon amour, à mes filles, dans quel ordre d'ailleurs, je m'en fous. Penser à eux, à ce tout qui forme une famille recomposée avec moi. Je suis bien, une tartine, un post-it collé sur l'écran, des mots, des liens toujours présents.


Maintenant douche, séchage, brossage, maquillage, une touche de vernis sur les ongles, pour moi, pour lui car il apprécie tant le détail. Un bel ensemble, même si il ne le verra pas, pas de voile sur les jambes, il fera chaud aujourd'hui. Une robe, légère, de printemps presque d'été si la météo est juste. Du bonheur en coton, bleue ou noire, ou non nude. Éternel dilemme, j'hésite, je cherche ce que je ne trouve pas, j'essaye, je retire, je reste là devant mon miroir, me regardant, ne voyant que les défauts alors que lui ne voit que les courbes et ma féminité. Je souris. Une robe, oui celle-là. Des paillettes, et pourquoi pas, la vie peut être plus magique, plus pétillante avec ce soleil. J'ose !







Des ballerines pour la route, des talons au bureau, dans mon sac pour l'instant. 

Je suis bien, deux sms sont arrivés. C'est lui. Loin, en déplacement, amoureux, comme moi.



Mots & Emotions

dimanche 10 mai 2015

Bas Nylon : deniers, jauges ...








Les bas nylon, un sujet du dimanche, journée de l'élégance, des repas en famille ou des duos en amoureux, le jour où l'on peut exprimer sa féminité pleinement sans les possibles contraintes du travail en semaine. Le soleil est là, le bonheur de la mode de printemps aussi, alors baissons les deniers qui recouvrent vos jambes.

Quoi le mot "denier" lu si souvent sur les pochettes de vos bas, reste un mystère ?

Bas Nylon à couture
Marque SHANMONT

Bas Nylon
RN 13855 fait référence à la licence du fournisseur de Nylon

Marque Town & Country
Bas Nylon à couture

Marque Cinderella
Nylon fourni par Dupont




Le mot denier est un terme technique utilisé par les producteurs de chaussant (autre terme technique et industriel qui regroupe les fabricants de chaussettes, mi-bas, bas et collants, leggings). Il correspond nativement au poids en grammes de 9000 mètres de fil de polyamide. Soit 10 grammes pour un 10 deniers, 30 grammes pour un 30 deniers. Bien évidemment plus le denier est faible, plus le bas est léger donc fin.

Ainsi aujourd'hui, vous pourrez trouver des bas entre 5 et 100 deniers, les premiers très rares et ultra-fins, très fragiles et les seconds très épais, dignes des chausses en coton d'antan. Le plus courants restent les bas fins en 15 deniers et les semi-opaques à 45 deniers. Tranche "bas fin" entre 5 et 20 deniers, "bas semi-opaque" entre 30 et 45 deniers, "bas opaques" dès 50 deniers et plus.

Par ailleurs, cet appellation en devrait être valable que sur du nylon  cristal ou autres formules primaires de fils de polyamides, mais ne doit pas s'appliquer aux fibres Elasthane, Lycra, strech et autres mélanges même avec la soie ou d'autres fils. Sinon le terme "aspect xx deniers" sera plus exact.

Enfin dans un bas, il y a environ 7000 mètres de fils.



Pour information, on l'oublie souvent, mais les bas ne sont pas tissés (maillage des fils à angles perpendiculaires comme pour du tissu, du coton) mais bien tricotés. Les mailles sont mêlées entre elles avec des aiguilles et des peignes. 


Marque Lilly Dashé
Taille 10 (longueur), format Moyen (morphologie)


Marque MarVLus
Bas sans couture




Car vous, les amatrices de Bas Nylon Vintage, les passionnés ou collectionneurs de ces pochettes et voiles vintage, vous avez souvent vu des indications imprimées sur le haut du revers, souvent sous le nom de la marque, sans savoir à quoi elles correspondent. Un second mystère, le terme "Gauge"ou "GG" ou "Jauge" mérite une définition plus complète.

Ce mot "Gauge" en anglais, traduit en français en "jauge" est l'indication relative au nombre d'aiguilles que je citais plus haut. Car sur les métier à tricoter, il y a un ensemble de quatre éléments qui travaillent ensemble pour tricoter les mailles :
1. L"aiguille souvent dite à bec, dont la fonction est de mailler.
2. La platine qui fournit la boucle de fil entre les aiguilles.
3. La dent du peigne, ou platine d'abatage sur laquelle s'opère l'abatage de l'ancienne maille sur la nouvelle.
4. Le poinçon qui transmet les mailles d'une aiguille à l'autre.
Comme du tricot, celui de votre mère ou grand-mère avec ses deux voire quatre aiguilles, mais là ce sont des dizaines, des centaines d'aiguille qui travaillent ensemble et de plus en plus vite.

La jauge donc est l'indication relative au nombre d'aiguilles compris dans la jaugée de 3 pouces anglais (origine américaine des métiers à tricoter) soit 76,2 millimètres. Sur les métiers Cotton, les plus usuels, la "jauge" correspond à la moitié du nombre d'aiguilles.

Donc "51 gauges", sur un revers de bas,  signifie 102 aiguilles sur 76,2 millimètres. Donc la finesse est liée à la densité car 76,2 divisé par 102 aiguilles donne un pas de 0,74. Plus le chiffre baisse plus la finesse de maillage est importante.



Voici deux éléments naturellement associés à vos bas nylon, invisibles comme eux sous votre robe, mais aujourd'hui vous pourrez les apprécier. Car le premier est lié à la finesse et l'opacité de votre voile à fleur de peau, le second précise la densité de maillage de vos bas, certaines ajouteront sa souplesse et son soyeux au toucher.




Bas nylon sans couture
RHT


Bas marque MOJUD
Strech fin années 60

Bas marque IDEAL
Micromesh, "bas mousse"




Bon dimanche en Bas Nylon

Nylonement